Par CHEN Shun
Sous un soleil de plomb, des dizaines de cultivateurs prêtent une oreille attentive aux agronomes chinois qui leur expliquent les techniques de repiquage de riz, aux abords d'une vaste rizière fra?chement aménagée au village de Guia, dans la région de Podor, à 487 km au nord de Dakar.
Il s'agit en effet du 12e stage de formation organisé par un groupe de cinq experts chinois sur les moyens permettant d'accro?tre, considérablement, la production de riz, aliment de base des millions de Sénégalais. Jusqu'à ce jour, au moins 500 agriculteurs locaux ont pris part à ce genre de formation technique,grandeur nature, pour acquérir les arcanes de la riziculture chinoise plusieurs fois millénaire.
M. Zheng Zheng, chef de l'équipe d'agronomes chinois à Podor, a dit jeudi à l'Agence de presse Xinhua que la vulgarisation du riz à grand rendement au Sénégal et l'échange de techniques en matière de riziculture constituent les points essentiels de la coopération agricole entre les deux pays qui ont renoué leurs relations diplomatiques en 2005.
Depuis plus de six mois, les experts chinois ont élaboré un plan de formation bien détaillé sur la culture de riz dans le bassin du fleuve Sénégal, après avoir procédé à des enquêtes et analyses poussées à cet effet, selon M. Zheng, agé de 40 ans.
Un tel projet consiste avant tout à créer un espace destiné à cultiver en même temps plusieurs variétés de riz, à titre comparatif, sur une étendue de 10 hectares de terre, afin de sélectionner la meilleure "graine" qui fera le bonheur des paysans. Actuellement, trois variétés de riz chinois et une d'origine sénégalaise dite le "108", ont commencé à émerger, saines et drues, de cette terre de Podor qui offre des conditions culturales bien généreuses.
Après quoi, explique Zheng Zheng, le groupe d'experts chinois se rendra dans les 2000 hectares à cultiver, pour organiser des stages de formation sur le terrain.
En dernier ressort, les agronomes chinois vont échanger leurs expériences avec leurs collègues et officiels locaux en vue de donner un coup d'accélérateur à la production de riz.
"Pour améliorer l'effet des stages de formation, nous avons eu recours à la diapositive qui a permis aux "stagiaires" de mieux nous comprendre. En outre, nous avons donné des cours dans les champs pour leur montrer, manches troussées et dans la canicule, comment repiquer les jeunes pousses de riz et aménager les rizières. Ces gestes spontanés nous ont valu l'éloge de nos amis sénégalais", ajoute M. Zheng, le visage fortement bronzé.
Selon les dernières investigations officielles, la région de Podor, arrosé par le fleuve Sénégal, possède 240.000 hectares de terres propices à la culture de riz. Mais seulement 50.000 ha ont été mis en valeur aujourd'hui. "Si toutes ces terres fertiles et irrigués étaient efficacement utilisées, le Sénégal arriverait à assurer son autosuffisance alimentaire", affirme l'expert chinois.
Le Sénégal est un grand pays consommateur de riz. Il dépense annuellement 50 milliards de FCFA (environ 100 millions de dollars) pour importer 600.000 tonnes de riz sur les 900.000 tonnes dont il a besoin. |