Dans la perspective de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, Rio+20, au Brésil en juin 2012, des agences des Nations Unies ont lancé mardi un plan visant à améliorer la gestion des océans et des zones c?tières.
Le document intitulé ? Blueprint for Ocean and Coastal Sustainability ? (Plan pour la durabilité de l'océan et du littoral), a été présenté lors de la Conférence générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) qui se déroule actuellement au siège de l'Organisation à Paris. Il sonne l'alarme à propos de l'état des océans et explique à quel point ceux-ci influencent notre vie quotidienne, en régulant le climat, en nous fournissant une nourriture hautement nutritive et en contribuant à nos économies et à nos moyens de subsistance.
Si les océans représentent 70% de la surface du globe, seul 1% bénéficie d'une protection. Le document propose toute une série de mesures concrètes en vue de : créer un marché mondial du carbone bleu (dioxyde de carbone stocké dans les océans) afin d'engendrer des gains économiques directs via la protection de l'habitat ; pallier les manques de gouvernance en haute mer, en renfor?ant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ; appuyer le développement d'économies vertes dans les petits Etats insulaires en développement ; promouvoir la recherche sur l'acidification des océans, sur la fa?on de s'y adapter et de la réduire ; augmenter la capacité institutionnelle en matière de suivi scientifique des océans et des zones c?tières ; réformer et renforcer les organisations régionales de gestion des océans ; renforcer les cadres légaux en vue de répondre au problème des espèces invasives marines ; ? verdir ? l'économie des nutriments afin de réduire l'hypoxie des océans et d'encourager la sécurité alimentaire ; améliorer la coordination, la cohésion et l'efficacité du système des Nations Unies face aux questions concernant les océans.
Le Plan a été préparé par la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l'UNESCO, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'Organisation maritime internationale (OMI) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Selon ce document, 60% des grands écosystèmes marins de la planète ont été dégradés ou sont surexploités, ce qui se traduit par d'énormes pertes économiques et sociales. Au cours des cinquante dernières années, les mangroves ont perdu de 30 à 50% de leur surface et les coraux près de 20%, ce qui augmente la vulnérabilité de nombreuses zones c?tières fortement peuplées.
Les océans piègent près de 26% des émissions de carbone, ce qui provoque leur acidification qui est néfaste pour certaines variétés de plancton et menace toute la cha?ne alimentaire marine, ainsi que les activités socio-économiques qui en dépendent. Certains de ces phénomènes ne sont pas nouveaux mais ils ont été aggravés par l'accumulation des pressions que représentent les changements climatiques, l'accroissement des activités humaines et les progrès technologiques.
De plus, les écosystèmes situés dans les profondeurs des océans - dont la biodiversité et les habitats ont souvent une grande valeur mais sont souvent encore méconnus – ne bénéficient de pratiquement aucune protection.
La communauté internationale a promis de prendre en compte ces défis lors des sommets de Rio de Janeiro (1992) et de Johannesburg (2002). Mais les engagements pris restent souvent sans effet et les objectifs n'ont pas été atteints. C'est notamment le cas de la promesse de ramener d'ici 2015 les stocks de poissons à des niveaux permettant leur durabilité et de la promesse de créer d'ici 2012 des réseaux de zones marines protégées. Très peu de pays ont adopté des lois en vue de réduire la pollution marine émanant de la terre, ce qui a amené une augmentation du nombre de zones océaniques mortes. Plus de 400 zones marines sont aujourd'hui considérées comme ? biologiquement mortes ?.
? Une véritable mise en oeuvre de la plupart de ces objectifs demandera de nouveaux efforts de la part des Etats, des organisations intergouvernementales et de la communauté internationale ?, affirment les auteurs du document. Ils soulignent que la situation actuelle tient au manque de volonté politique, à l'insuffisance des ressources, à des capacités institutionnelles inadaptées, à des données scientifiques insuffisantes et aux déséquilibres du marché.
? Rendre l'économie bleue durable doit se faire en s'appuyant sur la science et la technologie. Mais le succès dépendra de processus politiques pertinents et de véritables améliorations institutionnelles. Il demandera aussi davantage d'engagement et de financement de la part de la communauté internationale mais aussi des pays et des industries ?, concluent-ils. |