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LI YUAN, membre de la rédaction
Huang Zhili est née en 1972 dans une famille ordinaire de la ville de Longhai (province du Fujian). Dès son plus jeune age, elle s’est passionnée pour les romans de cape et d’épée, rêvant de devenir une justicière tels les héros dans ses livres. En 1995, à Zhangzhou (Fujian), elle a passé le concours organisé par la cour de justice de l’arrondissement Xiangcheng. Depuis, c’est ici qu’elle exerce chaque jour.
Son arrivée, notre jeune ? justicière ? a été interloquée par la fa?on de travailler des juges : ? Dans les années 1980, la plupart des contentieux civils émergeaient de querelles liées à la distribution des terres agricoles. Pour avoir une nette idée de chaque parcelle, les juges n’hésitaient pas à aller mener l’enquête sur le terrain ? boueux des champs ?, après avoir pris soin de retrousser le bas de leur pantalon. Ce n’est pas du tout l’image que je me faisais du travail des juges ?, évoque Huang Zhili en souriant. Mais dès lors, elle était déterminée à se consacrer à sa nouvelle profession, quitte à ? patauger dans la gadoue ?.
à vrai dire, Huang Zhili n’avait pas étudié le droit à l’université. Après son travail, elle suivait des cours du soir pour devenir une magistrate dipl?mée. Elle a commencé par travailler comme greffière d’audience, mais accompagnait également les juges expérimentés en quête d’informations sur le terrain. Au fil des affaires, elle a découvert à quel point un juge se devait d’être polyvalent. Dans ce métier, il faut apprendre sans cesse pour être compétent, en faisant preuve d’impartialité et d’objectivité dans le verdict. Voilà maintenant vingt ans que Huang Zhili est en poste dans cette juridiction de base et désormais, elle se classe parmi les juges exemplaires à l’échelle du pays.
Aujourd’hui, Huang Zhili est titulaire d’une impressionnante pile d’attestation de qualification professionnelle, dont un certificat de psychologue. Elle est la première juge chinoise à avoir appliqué la psychologie au milieu judiciaire, afin de mieux appréhender l’état d’esprit des parties aux procès. En outre, elle a étudié en autodidacte la médecine et la pharmacologie, pour être plus apte à régler les différends impliquant des blessés et malades. Depuis la mise en ?uvre du système d’exploitation forfaitaire à base familiale en 1983, Huang Zhili a examiné quantité de fois les textes, politiques et règlements, pour savoir comment trancher dans les affaires relatives à la propriété foncière. Et ses décisions de justice sont acclamées au sein de la population locale.
? Elle est plus sérieuse que les autres. Chaque fois, avant de rendre son jugement dans une affaire, elle l’étudie dans ses moindres détails. C’est pourquoi 99,7 % de ses décisions sont évaluées favorablement ?, commente Chen Zhirong, responsable de la première chambre de la cour de justice de Xiangcheng.
? Le peuple se rend à la cour de justice en appelant à l’équité ?, indique Huang Zhili. En tant que juge, elle considère l’équité comme un droit fondamental. Ainsi, elle travaille d’arrache-pied pour trouver l’origine du conflit et dégager des preuves. Depuis 2001, Huang Zhili s’est chargée de plus de 5 000 affaires civiles et commerciales : dans 90 % des cas, les plaignants ont retiré leur plainte et ont accepté l’idée d’une médiation ; et dans 70 % des cas, les jugements remis ont pu être appliqués directement. Jusque là, pas une seule erreur judiciaire commise, pas une seule pétition déposée contre ses ordonnances.
Huang Zhili apaise nombre de conflits en proposant un accord à l’amiable, de telle sorte que beaucoup de litiges ne sont finalement pas portés devant les tribunaux. ? Dans les affaires civiles, souvent, les émotions s’en mêlent. Par conséquent, il faut trouver un équilibre entre médiation et jugement. ? Forte de ses années d’expérience, Huang Zhili con?oit la loi comme une base solide sur laquelle les juges se dressent, leurs deux pieds incarnant la compassion et la raison.
? De quel modèle d’équité le peuple a-t-il besoin ? ? Huang Zhili donne sa propre réponse à cette question. D’après elle, les juges sont tels les médecins qui soignent les relations sociales meurtries et rétablissent la morale publique. ? Les juges doivent résoudre les problèmes des parties, non seulement dans une dimension judiciaire, mais aussi dans une dimension émotionnelle. ?
En juin 2012, l’arrondissement Xiangcheng a ouvert un cabinet des juges, qui a pris le nom de Huang Zhili. Celle-ci a indiqué son numéro de portable personnel comme information de contact du bureau, pour être joignable à tout moment. Au mois de février 2016, Xiangcheng abritait déjà cinq ? Cabinets des juges Huang Zhili ? qui offrent leurs services [A1] aux communautés, aux entreprises et aux familles. Ces cabinets ont résolu plus de 1 100 différends avant qu’une procédure civile ne soit déclenchée.
Aux yeux de Huang Zhili, ces cabinets des juges non seulement font office de tribunaux de proximité, mais aussi servent de terrain d’entra?nement pour les jeunes juges. ? Dans ces cabinets, les juges chevronnés enseignent aux jeunes les ficelles de la profession à travers la pratique et les encouragent à aller au contact de la population, pour faire le relais entre les membres du PCC et les masses. ?
Dans la nouvelle ère, les affaires que traite la cour ont évolué, abordant des causes au contenu nouveau. Aujourd’hui, Huang Zhili traite beaucoup de litiges associés à Internet (serveurs, noms de domaine, etc.). ? La réforme du système judiciaire s’adapte à cette nouvelle tendance, qui requiert de nouvelles connaissances de la part des juges. Pour ma part, j’ai pleine confiance dans la réforme du système judiciaire et dans l’état de droit en Chine. ? En tant que déléguée du XIXe Congrès du PCC, elle a conscience des responsabilités qui l’attendent.
[A1]Je ne comprends pas pourquoi il y a 200 cas d’offre de services, mais 1 100 affaires civiles. Pourquoi ces nombres sont différents ? Quelle est la différence entre les deux ?
Source:La Chine au Présent |