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La 4e Conférence mondiale de l’Internet qui se déroule cette année du 3 au 5 décembre à Wuzhen, dans la province orientale du Zhejiang, revêt une signification particulière au lendemain du XIXe Congrès national du Parti communiste chinois. Elle annonce en effet l’entrée de plain–pied de la Chine dans le numérique de la nouvelle ère : le thème de cette édition 2017 ? Développer l’économie numérique pour l’ouverture et les bénéfices partagés – Batir une communauté d’avenir partagé dans le cyberespace ? se fait d’ailleurs l’écho de la pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère.
? Internet+ ?, un tournant irréversible en Chine
Quiconque se rend en Chine ne peut que constater les avancées rapides du numérique, qu’il s’agisse des émules régionales de la Silicon Valley comme à Hefei, le chef–lieu de la province de l’Anhui, qui est devenu en moins de cinq ans le laboratoire de l’intelligence artificielle de la Chine, mais aussi des géants du commerce en ligne comme Alibaba qui affichent année après année des chiffres d’affaires records, ou encore des groupes aux activités tentaculaires spécialisés dans les médias et les loisirs comme Tencent. Le numérique est devenu un secteur à part entière tourné vers les 724 millions de Chinois connectés à internet via leur smartphone, et de plus en plus, vers les utilisateurs du monde entier.
Le numérique en Chine a pris un tournant décisif début 2015 avec la formulation de la stratégie ? Internet+ ? par le premier ministre Li Keqiang. Il s’agissait alors d’un plan d’action visant à intégrer l’internet aux secteurs socioéconomiques à l’horizon 2018 pour faire du numérique un nouveau moteur de la croissance. La stratégie ? Internet+ ? s’intègre dans la politique du c?té de l’offre en stimulant la création d'entreprises et l'innovation, en jouant un r?le clé dans la fourniture des services publics et en fusionnant harmonieusement l’économie réelle et virtuelle. Cette initiative aura permis à la Chine de s'adapter avec succès à la nouvelle normalité du développement économique, de créer de nouvelles dynamiques de développement, et d’accompagner la montée en gamme de son économie en la centrant sur la qualité et l’efficacité.
Depuis, l'informatique en nuage et la datamasse sont entrées dans la vie quotidienne des Chinois et des entreprises. Lors de la Conférence Yunqi 2017 à Hangzhou, qui s’est déroulée du 11 au 14 octobre dernier, on a pu constater la généralisation de l’inclusion de l’intelligence artificielle dans un nombre accru de produits et services, notamment la reconnaissance faciale et vocale qui trouve des applications dans les secteurs de la médecine, de la finance, de la logistique et de la robotique.
Plus proche de nos habitudes, tout devient maintenant à portée d’un smartphone en Chine : passer une commande, effectuer un paiement, participer à l’économie du partage sont devenus des gestes quotidiens qui permettent à l’économie chinoise de promouvoir le cercle vertueux de l’innovation et de l’efficacité.
Le 11 novembre 2017, les ventes en ligne ont battu un nouveau record pour la Journée des célibataires. Ce qui a surtout été noté, c’est l’aboutissement de l’intégration entre l’économie numérique et l’économie réelle. Une transformation radicale qui a attiré une nouvelle fois l’attention mondiale.
Le numérique à la chinoise, une aubaine pour le monde
Le numérique de la nouvelle ère se veut aussi une source d’inspiration et d’exemple, mais aussi de réflexion pour le reste du monde. L’expérience chinoise pourrait ainsi permettre de dissiper les inquiétudes suscitées par le développement de l’économie virtuelle, dont certains estiment qu’elle nuirait aux secteurs traditionnels et à l’économie réelle.
Cette tendance est cependant irréversible et va s’accélérer car elle répond aux besoins d’utilisateurs de plus en plus connectés, d’entreprises de plus en plus tournées vers l’innovation par le numérique, dans une économie sans cesse plus urbaine et globalisée. Le temps où les innovations technologiques mettaient des décennies à se propager est désormais révolu : la Chine, qui pr?ne activement l’ouverture et l’inclusion, joue à la fois un r?le d’initiateur et de catalyseur de cette révolution numérique en la faisant parvenir à maturité et en la développant dans tous les domaines de l’économie réelle.
Ainsi, Didi Chuxing, le Uber chinois qui développe et exploite des applications mobiles de mise en contact d'utilisateurs avec des conducteurs réalisant des services de transport, met en place des systèmes de transport intelligents pour réduire les embouteillages, et développer la conduite intelligente afin de renforcer la sécurité grace à la datamasse et à l'intelligence artificielle.
Autre exemple, les plateformes chinoises de commerce en ligne, qui associent le commerce traditionnel aux technologies du numérique les plus avancées pour réduire les co?ts d’exploitation et favoriser un environnement d’achat plus stimulant.
Les bénéficiaires du numérique à la chinoise seront principalement les pays en développement et les pays participant à l’initiative de ? La Ceinture et la Route ?. La transition sera néanmoins plus lente, mais inéluctable, dans certains pays développés où les résistances et les contraintes sont plus difficiles à surmonter pour des raisons socioéconomiques et historiques, mais surtout, en raison d’une absence de vision politique. C’est sans doute le grand mérite de la Conférence mondiale de l’Internet de Wuzhen que de susciter la réflexion, d’engager le dialogue sur les modalités d’application satisfaisantes du numérique et de formuler une vision commune pour le numérique de demain.
Par Jacques Fourrier
(L’auteur est un journaliste et commentateur fran?ais basé à Beijing)
Source:m.ywfarm.cn |