La Chine, un partenaire prioritaire pour la coopération agricole en Afrique (SYNTHESE)
La conférence mondiale sur l'innovation dans l'agriculture tropicale, organisée sur deux jours à Sanya, dans la province chinoise de Hainan, s'est achevée samedi. Cet événement a été l'occasion de mettre en lumière les résultats de la coopération sino-africaine dans le secteur agricole.
Lors de la conférence, Jacques Nyanga, ambassadeur de la République du Congo en Chine, a dégusté une nouvelle variété de ma?s caractérisée par une texture douce, une saveur sucrée et une haute teneur en jus. Impressionné par la qualité et le rendement des produits agricoles présentés, M. Nyanga a exprimé son intérêt concernant l'introduction de ces variétés dans son pays.
La coopération agricole entre la Chine et la République du Congo s'appuie sur une longue histoire. En 2011, un centre de démonstration des technologies agricoles, financé par la Chine, a ouvert ses portes en périphérie de Brazzaville. Depuis, l'Académie chinoise des sciences agricoles tropicales (Chinese Academy of Tropical Agricultural Sciences, CATAS) a dépêché une vingtaine d'experts dans ce pays, qui ont formé plus de 2.000 stagiaires et sélectionné plusieurs variétés adaptées, notamment trois types de manioc et plus de 50 légumes.
Les experts chinois ont également apporté des solutions à des défis agricoles majeurs dans d'autres pays africains. Au Malawi, par exemple, où les bananiers étaient gravement touchés par la maladie du sommet buissonnant depuis les années 1990, leurs efforts, notamment au travers de formations en ligne et de la mise en place de bases de démonstration, ont permis de ma?triser efficacement la propagation de ce fléau.
En 2023, Li Jingyang, expert de la CATAS, a constaté sur le terrain que les plantations de bananiers n'étaient plus affectées par la maladie. "L'accueil chaleureux réservé par les agriculteurs locaux m'a fait comprendre la valeur de mon travail", confie-t-il.
Lors de la conférence, de nouveaux partenariats ont été scellés. Kouakou Amani Michel, directeur général adjoint du Centre national de recherche agronomique de C?te d'Ivoire, a annoncé des projets communs avec la CATAS, notamment pour le développement de nouvelles variétés végétales et animales et le renforcement de la tolérance aux maladies et organismes nuisibles.
Selon Cheng Cheng, responsable des partenariats asiatiques de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), l'agriculture constitue un pilier clé de la collaboration sino-africaine pour les décennies à venir.
"La Chine apporte non seulement son expertise technique, mais offre aussi un important marché d'importation pour les produits agricoles africains", souligne-t-il, tout en mentionnant l'ouverture prochaine en Afrique d'un centre de formation spécialisé dans l'agriculture numérique et la technologie des drones, en partenariat avec la société chinoise DJI, leader mondial du secteur des drones.
Cette coopération ne profite pas uniquement à l'Afrique. Qian Qian, membre de l'Académie des sciences de Chine, rappelle que des ressources génétiques de riz sauvage provenant d'Afrique ont été utilisées en Chine pour développer des variétés innovantes, notamment un riz pérenne pouvant être récolté sur plusieurs années.
Gyude Moore, ancien ministre des Travaux publics du Liberia, résume les bénéfices croisés de cette collaboration. La Chine, confrontée aux contraintes d'un manque de terres arables et d'une main-d'?uvre agricole vieillissante, trouve en Afrique un partenaire complémentaire, riche en terres disponibles et en jeunes travailleurs, précise-t-il.
En transférant ses technologies et en investissant dans l'agriculture africaine, la Chine, selon M. Moore, contribue non seulement à la sécurité alimentaire mondiale, mais aussi à la création d'emplois locaux, illustrant ainsi une coopération véritablement gagnant-gagnant.