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Entretien sur les tendances avec Li Wei, professeure à l'Université Tsinghua
Chen Meijie et Zhang Liping pour China.org.cn, le 22 ao?t 2018
? Un magnifique défilé de mode a lieu au Royal Hotel de Tokyo, des mannequins noirs portant des vêtements ultramodernes traversent l’espace avec la grace de papillons. Elles bougent parfois d’un pas vif comme un typhon, parfois d’un mouvement fluide et délicat comme de l’eau qui s’écoule. La créatrice Yasuda Kyoko a les yeux rivés sur la scène. à la fin du défilé, elle entre sous les projecteurs à la suite des mannequins, et s’incline profondément en direction des spectateurs. L’orchestre se met à jouer et les applaudissements retentissent… ?
La scène est tirée du film japonais Proof of the Man, et est gravée dans l’esprit de Li Wei. à sa sortie en salles en 1977, il s’est classé en deuxième place du box-office au Japon. Dans les années 1980, le film et sa chanson ? Chapeau de paille ? ont marqué aussi les spectateurs chinois, et ont même changé la vie de Li Wei.
Trois fois pionnière
Le premier contact de Li Wei avec l'industrie de la mode s’est produit par hasard au début de l’ère de réforme et d'ouverture. Née dans une famille de peintres, elle décide de s’inscrire en création vestimentaire après avoir été inspirée par l’héro?ne du film Proof of the Man. En 1980, l'Académie centrale des arts et métiers (devenue en 1999 l’Académie des beaux-arts de l'Université Tsinghua) a été le premier établissement artistique de Chine à ouvrir un département dédié à l’habillement. En 1982, les premiers étudiants de premier cycle ont été accueillis dans ce programme. Prête à d’inlassables efforts pour réaliser son rêve de création de mode, Li Wei a eu la chance d’être admise parmi ces premiers élèves.
En 1985, une rétrospective de vingt-cinq ans d’?uvres du célèbre couturier fran?ais Yves Saint Laurent a été présentée au Musée des beaux-arts de Chine. Li Wei, qui était alors étudiante en troisième année, a eu la chance de participer à l'exposition et a rencontré M. Saint Laurent. Elle se souvient dans les moindres détails de son ressenti en découvrant les tissus de qualité inégalée de cette marque de haute volée. ? L’enseignement de la mode au début de l’ère de réforme et d’ouverture en était à ses balbutiements, c’est pourquoi lorsque nous avons découvert les ?uvres d’Yves Saint Laurent, nous qui étions avides de connaissances dans ce premier programme de formation vestimentaire, c’était comme un don du ciel ?, se souvient-elle. ? Cette grande marque était soudain à notre portée, les vingt jours de travail que nous avons effectué pour l’exposition constituaient le meilleur apprentissage immersif qui soit. ? Le travail proactif et méticuleux de Li Wei et ses quatre camarades a été salué par l’équipe fran?aise comme par l’équipe chinoise. Après l'exposition, Yves Saint Laurent leur a donné en personne un livre dédicacé pour exprimer sa gratitude. ? Li Wei, je vous confie mon inspiration ?, lit-on dans son ouvrage. Cette phrase l’a profondément touchée, et a semé en elle la graine de la réalisation de son rêve.
En 1986, elle est restée à l’Académie pour enseigner après l’obtention de son dipl?me. Elle a donc eu la chance de sortir de la première promotion et d’être embauchée dans la foulée. Depuis, elle se consacre à l’enseignement de la mode, et forme une promotion après l’autre d’étudiants, sans que sa passion faiblisse le moins du monde.
Source:m.ywfarm.cn |