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?Magdy Martinez-Soliman est administrateur assistant du PNUD.
Les gouvernements sont-ils si impuissants à régler le problème du climat que l'on le dit ?
Le problème est que le développement non respectueux de l'environnement est plus rapide et moins cher que le développement vert. De plus, le développement respectueux de l'environnement requiert une transformation complète des moteurs économiques que certains dirigeants politiques ne sont pas prêts à ou n'ont pas le courage de promouvoir. Mais certains gouvernements, l'opinion publique, les médias et certains scientifiques font d'ores et déjà la promotion du développement durable et ce rapport de l'Organisation météorologique mondiale est un exemple de la prise de conscience sur la gravité du problème et l'importance de redresser les politiques actuelles.
C'est pourquoi l'agenda en cours est celui du développement durable et pourquoi les discussions sur le climat vont arriver à un moment critique à Paris.
Mais encore une fois, je pense que le message essentiel est que le problème est extrêmement sérieux. Mais aussi que les gouvernements sont de plus en plus conscients de la situation et veulent faire plus et surtout trouver un accord pour changer le cours des choses.
Je pense que parmi ces gouvernements, le gouvernement chinois est clairement en train de rejoindre le leadership éclairé qui est en train de réaliser que nous sommes sur une trajectoire de collision avec notre propre planète.
Les contributions nationales (INDC) sont-elles assez ambitieuses ?
Je viens de participer à la conférence des contributions nationales à Rabat au Maroc. J'ai pu voir les dernières contributions soumises. Si je ne me trompe pas, la dernière est celle du Soudan qui est la 145e. Il faut apprécier les énormes efforts que certains pays ont fait pour fournir tout de suite leurs contributions. Mais ce sont des discussions difficiles, car, effectivement, elles nécessitent de faire un effort. Les plus gros pollueurs sont ceux que tout le monde observe. Les gens regardent les pays producteurs de pétrole, les grosses économies comme les états-Unis, la Chine, l'Union Européenne. C'est pour cela que les décisions prises à Paris seront extrêmement importantes. Paris est la clé pour une plus grande ambition.
Selon vous, quels efforts sont encore à faire ?
à Paris, nous allons devoir faire preuve de plus d'ambition. Cette réunion pourrait être un grand progrès. Je pense que nous devons voir cette réunion comme un marathon pas comme un sprint. Nous avons une COP tous les ans, c'est un véritable marathon.
Nous devons continuer à faire des efforts et les scientifiques ont les preuves que nous allons atteindre des résultats. Beaucoup de choses sont en cours et notamment dans le mélange des énergies, la place de plus en plus importante des énergies renouvelables et un grand travail est fait en termes de batiments écologiques, de transformation et de planification urbanistique, d'agriculture plus intelligente et dans l'utilisation de plus en plus rationnelle de l'eau.
On a aussi plus de technologies modernes pour contr?ler les émissions industrielles. Plusieurs mesures sont en cours ou sont possibles pour obtenir des résultats à un niveau national et nous allons travailler dessus avec les gouvernements.
Quelle est la clé de la réussite de la COP21 ?
C'est le leadership. C'est toujours une question de leadership. Mais finalement, c'est le problème de tout le monde : des Africains, des superpuissances économiques, des Européens, des Américains, des Japonais, des Indiens, des Brésiliens, des pays émergents qui doivent se retrouver et pas seulement prendre conscience de la sériosité du problème, mais pour tomber d'accord sur le fait que quelque chose doit être fait. Je pense qu'un accord robuste doit se focaliser sur un objectif très clair.
Comment financer la lutte contre le changement climatique ?
Nous avons besoin d'investissements privés et pour les investissements indirects, nous avons besoin également d'investissements provenant des entreprises privées locales. Maintenant, comment convaincre, comment attirer les investisseurs pour investir leur capital dans l'économie durable est une autre question.
Il faut aussi créer des politiques d'encouragement. Car, oui, vous pouvez faire un certain nombre de choses avec la régulation, quand la Chine dit que 50 % des nouveaux batiments doivent être efficaces en énergie et écologiques, c'est un sérieux encouragement pour le secteur de la construction et de l'urbanisme pour investir dans les technologies écologiques et les énergies renouvelables pour équiper les batiments qui sont un des plus gros marchés existant dans l'économie.
Bien s?r, je ne vois pas le secteur privé prendre directement part dans le fonctionnement du Fonds vert pour le climat, je pense que c'est le r?le des gouvernements.
Comment qualifieriez-vous l'état de la coopération internationale sur les changements climatiques ?
Je pense que la coopération internationale sur les changements climatiques est au beau fixe. Il y a un très clair consensus. Les discussions internationales autour du climat ont lieu tout au long de l'année et s'achèvent dans les grandes conférences, la conférence des parties autour d'un certain nombre d'accords légaux irrévocables. Nous avons aussi un forum sur la réduction des risques des désastres qui ont donné naissance au Protocole de Kyoto.
Il y a une décision très forte prise par la Chine pour soutenir la coopération Sud-Sud sur le climat, la finance climatique pour cette coopération et approuver les décisions internationales et la coopération dans ce domaine.
Quel est le r?le de la Chine dans cette coopération internationale ?
Les trois plus grands efforts faits dans le monde pour combattre les dangers du changement climatique sont faits par l'Union Européenne, le président Obama et le président Xi. Ils représentent de très grandes initiatives politiques et de transformation économique. La Chine a rejoint le plus haut leadership dans la transformation économique en faveur de l'économie écologique et de ce qui est appelé en Chine la civilisation économique. J'ai participé aux consultations qui ont eu lieu à la Maison blanche pendant les rencontres sur le conseil environnemental qui a conseillé la Chine sur les politiques en rapport avec le changement politique. Les discussions autour du XIIIe plan quinquennal étaient très sérieuses.
Le monde prend très au sérieux les déclarations du président Xi. Tout d'abord, parce que nous avons vu que celles-ci avaient été suivies d'actions. Donc la Chine est crédible. Ensuite, parce que c'est important pour le pays. Cela amènera des changements en Chine et c'est pour cela que c'est absolument fondamental pour le monde. Nous voyons les promesses du leadership chinois comme un développement extrêmement positif dans l'orientation de l'action sur les changements climatiques.
Nous souhaitons évidemment la bienvenue aux promesses. C'est très important. Nous aurions aimé que l'investissement chinois aille plus dans le Fonds vert pour le climat. Cela aurait été une bonne idée, mais la Chine décidera ce qui est le meilleur moyen pour elle de faire profiter à ses partenaires du Sud de cette coopération Sud-Sud.
Nous fournissons de la finance pour le climat à 144 pays dans le monde et nous sommes défenseur de la coopération Sud-Sud. C'est pour cela que nous souhaiterons évidemment la bienvenue à la coopération Sud-Sud s'il y a l'opportunité d'assister la Chine pour cette coopération.
Quelle est la responsabilité de la Chine pour faire évoluer les choses ?
Pour répondre de fa?on franche, je pense que le gouvernement chinois a deux responsabilités. Il a une responsabilité en tant que gouvernement d'un des pays les plus grands du monde et une responsabilité comme un membre à part entière de la communauté internationale.
En tant que membre de la communauté internationale, la Chine peut aider à arriver à un accord à Paris et d'être un bon partenaire de coopération internationale. La Chine est de plus en plus importante dans les contributions aux solutions internationales.
En tant que gouvernement de pays, la Chine guide son secteur privé, son développement, le développement des villes nouvelles, des nouvelles industries vers un développement plus durable. Je pense que c'est ce que la Chine est précisément en train de faire. Les résultats ne sont effectivement peut-être pas encore visibles. On m'a dit que Beijing a connu une augmentation des émissions de CO2 de 300 % ces dix dernières années et a réussi à réduire ses émissions de 70 %. Le problème est que c'est 70 % de réduction sur une augmentation de 300 %. Les résultats ne sont pas visibles à cause de la vitesse à laquelle la Chine est en train de se développer. Je pense que c'est le r?le de l'ONU d'exiger des gouvernements qu'ils fassent plus et je dirais que la Chine peut faire plus.
Par QI YIBIN
Source: La Chine au Présent |
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