Le riz pour l'autosuffisance alimentaire
La coopération sino-sénégalaise en matière d'agriculture, relancée après la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays en 2005, a porté des fruits abondants, grace à la formation d'agriculteurs sénégalais par des agronomes chinois pour l'autosuffisance alimentaire.
Un groupe d'agronomes chinois, actif depuis novembre 2006 à Podor, au nord du Sénégal, a connu une année de vaches grasses en 2008 par une moisson de 9 tonnes de riz pady à l'hectare, dans les rizières aménagées à titre expérimental dans la vallée du fleuve Sénégal, afin de vulgariser l'expérience rizicole chinoise, plusieurs fois millénaire, dont l'efficacité n'est plus à démontrer, selon le chef de la mission agricole chinoise au Sénégal, Yang Tingming.
A en croire cet expert de 59 ans, le chemin à parcourir pour atteindre l'objectif d'autosuffisance alimentaire au Sénégal ne sera pas long, puisqu'un nombre croissant de cultivateurs locaux ont "saisi les secrets" du haut rendement de riz, grace aux stages qu'ils ont suivis auprès de la mission agricole chinoise. "Si toutes les terres cultivales dans ce pays sont mises en valeur, le Sénégal n'aura plus de souci pour nourrir ses 11 millions d'habitants", a-t-il rassuré.
La production de riz est actuellement de l'ordre de 300.000 tonnes au Sénégal, c'est à dire le tiers des besoins en riz du pays. D'après les résultats des recherches menées par les agronomes chinois, l'utilisation des semences chinoises semées à la manière sénégalaise (épandage) permettrait au Sénégal de produire grosso modo 600.000 tonnes de riz. Or, si l'on pratique le repiquage de riz ici comme en Chine, le rendement annuel atteindra à coup s?r jusqu'à 900.000 tonnes.
D'après les dernières statistiques officielles, les Sénégalais consomment chaque année environ 900.000 tonnes de riz dont 600.000 tonnes sont importées au prix de 50 milliards de FCFA, soit plus de 100 millions de dollars.
Le panier de la ménagère
Le "panier de la ménagère" tient beaucoup à coeur le président Abdoulaye Wade. Les agronomes chinois chargés de dispenser une formation théorique et pratique aux cultivateurs locaux en matière de mara?chage ont permis d'apporter leur contribution.
En effet, ils ont aménagé à Sangalkam, une bourgade située à 30 km de Dakar, un hectare de champs bien fertilisé aux engrais organiques et dotés d'un système d'irrigation et d'évacuation fonctionnant sans faute en cas de sécheresse ou d'inondations.
"Nous avons fait en sorte que 25 espèces de légumes soient cultivées et renouvelées sur ce petit éden, à longueur d'année, pour un taux d'utilisation supérieur à 500%", affirme Liu Qingbao, chef de l'équipe de formation chinoise.
Depuis 2007, ce centre de formation agricole a re?u, en 15 stages, 420 personnes qui ont acquis des éléments dans les domaines aussi divers que la culture de jeunes pousses en épinière, l'entretien des champs, la prévention et les traitements phytosanitaires ainsi que les techniques d'amendement du sol salin et alcalin, le tout en fonction des conditions spécifiques des différentes régions du pays.
C'est ainsi que les agronomes chinois ont réalisé la parfaite harmonie entre la formation grandeur nature dans cet espace-échantillon et son prolongement dans la production mara?chère chez les cultivateurs locaux. Cette expérience a déjà fait tache d'huile dans plusieurs régions du Sénégal avec des résultats satisfaisants.
Issa Sène, un des 900 "stagiaires", nanti de son bagage " scientifique" acquis auprès de ses formateurs chinois, a semé des graines de concombre le 22 février 2008 et a commencé à récolter les premiers fruits de son labeur le 7 mars de la même année. Et le 25 avril 2008, c'était presque "en veux-tu, en voilà"! Résultat: plus de 1,93 million de FCFA dans la tirelire familiale, soit un gain 8 fois supérieur aux recettes qu'il pouvait compter sur les doigts d'une main, du temps où il plantait ce genre de légume à sa manière.
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