Un mois après sa nomination à Matignon, le Premier ministre fran?ais Michel Barnier a présenté ce mardi après-midi sa déclaration de politique générale. Durant une heure et demie, il a exposé les grandes orientations de son programme gouvernemental. Un exercice à la fois incontournable et périlleux, qui a mis en lumière les priorités du gouvernement : la réduction de la dette, la préservation du niveau de vie, la sécurité, et la ma?trise de l'immigration.

Dans son discours, M. Barnier a souligné la gravité du moment et la nécessité d'une action collective pour répondre aux attentes des Fran?ais. Il a fait référence à la célèbre phrase du général de Gaulle, "faire beaucoup avec peu", qui reflète les défis actuels dans divers secteurs comme la sécurité, la santé, l'éducation et le soutien aux plus vulnérables.

Le Premier ministre a mis l'accent sur la réduction de la dette budgétaire et écologique, en notant que la dette publique massive représentait une menace sérieuse. Il a proposé de réduire les dépenses publiques, d'améliorer leur efficacité et d'ajuster temporairement la fiscalité, notamment en demandant une contribution des grandes entreprises et des plus riches. La lutte contre la fraude fiscale et sociale sera renforcée, a-t-il affirmé.

Sur le plan écologique, le locataire de Matignon a plaidé pour une action proactive face au changement climatique et aux enjeux de biodiversité, avec des initiatives telles que la décarbonation des industries et le développement des énergies renouvelables, en particulier dans les territoires d'Outre-mer. Il demeure, comme le gouvernement précédent, favorable à l'énergie nucléaire.

Son discours a abordé cinq chantiers qu'il considère comme "prioritaires" pour améliorer la situation en France, à savoir le niveau de vie, les services publics, la sécurité, l'immigration et la fraternité.

Concernant le niveau de vie, l'objectif de Michel Barnier est de renforcer l'économie pour améliorer le niveau de vie des Fran?ais. Cela inclut une meilleure mobilisation de l'épargne via un livret dédié à l'industrie, la réforme du RSA (Revenu de solidarité active) pour en faire un tremplin vers l'emploi, et la revalorisation du SMIC (Salaire minimum interprofessionnel de croissance). La baisse des prix, notamment de l'alimentation et du logement, est également essentielle, a-t-il souligné.

Sur la baisse du déficit, question majeure puisqu'il constitue 6% du PIB en 2024, M. Barnier s'est engagé à revenir à 5% du PIB en 2025 et à 3% à horizon 2029.

La sécurité au quotidien est essentielle, a martelé le Premier ministre. La présence des forces de l'ordre sera augmentée, notamment via la création de nouvelles brigades. Le gouvernement veut accélérer l'exécution des peines et réduire les délais de jugement, en particulier pour les mineurs. Quant à la politique migratoire, elle sera rendue plus rigoureuse, avec un contr?le renforcé des frontières et une meilleure gestion des demandes d'asile. Le gouvernement entend aussi durcir les mesures pour l'expulsion des étrangers en situation irrégulière.

Le dernier chantier, celui de la fraternité, vise à promouvoir des actions en faveur du sport, de la lutte contre les discriminations et de l'inclusion des personnes handicapées. Une politique culturelle et familiale renforcée est aussi prévue pour promouvoir l'égalité des chances et combattre la pauvreté, a poursuivi M. Barnier, qui veut également reprendre le débat sur la loi de fin de vie, interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Selon des observateurs, le discours de M. Barnier a révélé les tensions entre les revendications parfois contradictoires de ses alliés, notamment sur les questions fiscales et migratoires, au sein du bloc central et des Républicains. A une semaine de la présentation du budget 2025, M. Barnier a souligné sa "conscience de la gravité et de l'importance de ce moment". Son gouvernement est "sur une ligne de crête", mais il a affirmé sa volonté de faire en sorte que la France "retrouve le chemin de l'apaisement".