– Une exploitation stupéfiante grace au prêt usuraire. Les Dala? Lama successifs ont créé leurs propres agences de prêt à intérêt qui généraient une certaine partie des ? recettes ? annuelles servant à l'entretien du Dala? Lama, et accordaient des prêts usuraires à la population afin de bénéficier de profits exorbitants. En fonction des statistiques écrites dans les livres de comptes de ces agences en 1950, un prêt total de 3 038 581 ta?ls d'argent tibétain avait été accordé, avec des profits annuels de 303 858 ta?ls d'argent. Les gouvernements du Tibet à échelons divers avaient créé de nombreuses agences de prêt à intérêt ; on avait même intégré dans les fonctions administratives des fonctionnaires de différents échelons l'attribution des prêts et la récolte des intérêts. Selon les enquêtes de 1959, les monastères Drepung, Sera et Ganden de Lhasa ont fait le prêt de 45 451 644 livres de céréales, dégageant des profits annuels de 798 728 livres de céréales et le prêt de 57 105 895 ta?ls d'argent tibétain, dégageant des profits annuels de 1 402 380 ta?ls d'argent. Les recettes à travers l'exploitation par les prêts usuraires représentaient 25 à 30 % du total des recettes des trois monastères. Les nobles, eux aussi, étaient usuriers pour la plupart ; les recettes à travers l'exploitation par les prêts usuraires représentaient 15 à 20 % du total de leurs revenus familiaux. Pour survivre, les serfs étaient obligés d'emprunter de l'argent, et ceux qui étaient endettés représentaient plus de 90 % de la population des serfs. Dans Le vieux Tibet face à la Chine nouvelle, la grande aventurière fran?aise Alexandra David-Néel a écrit : ? Au Tibet, tous les paysans étaient des serfs débiteurs à vie. Il était difficile d'en trouver un parmi eux qui ait réglé ses dettes. ? Les dettes que pouvaient contracter les serfs comportaient les nouvelles dettes, les dettes héréditaires, les dettes solidaires et celles qui étaient collectivement réparties. Un tiers des dettes comportait les dettes héréditaires cumulées sur plusieurs générations. Le grand-père d'un serf de Maizhokunggar, nommé Tsering Gompo, avait emprunté au monastère Sera 700 kg de céréales pour lesquels le grand-père, le père et lui-même ont payé les intérêts pendant 77 ans, soit un total de 42 000 kg de céréales. Toutefois, le créancier avait déclaré qu'il devait en fait 1,4 million de kg de céréales. Un autre serf de Donggar appelé Tanzen emprunta à son propriétaire 14 kg d'orge en 1941 ; en 1951, le propriétaire demanda de rendre 8 400 kg. Incapable de rendre la somme due, il fut obligé de prendre la fuite. Sa femme mourut sous la pression et son fils enlevé pour payer les dettes.
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