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par Lisa Carducci
L’art du liaoqi lutte pour sa survie. Il s’agit d’un typede verre soufflé. S’ils connaissent bien le verre de Murano, cette ile de Venise où l’art fut mis au point dès le XIIIe siècle, la plupart des voyageurs culturels n’ont jamais entendu parler de sa réplique chinoise. Dans les années 1960 à 1980, le liaoqi – dans sa forme moderne – a connu une forte croissance, et l’usine de liaoqi de Beijing comptait alors 600 professionnels. Mais les artisans qui s’adonnent à cette technique aujourd’hui se comptent sur les doigts de la main. Pourquoi? D’abord, la matière première – une sorte de résine contenant un haut taux de dioxyde de plomb– est difficile à trouver; ensuite, il faut une longue et patiente pratique avant de produire quelque chose d’artistique; troisièmement, le travail est exténuant; quatrièmement, on se brule souvent; et enfin, les produits se vendent mal. Bref, le métier n’est pas rentable.
Le liaoqi fait partie de l’héritage culturel de la Chine.
Une pièce vaut par sa transparence, sa couleur, et sa décoration. L’artisan utilise une longue pince pour tenir une petite boule de pate (liaoqi) au- dessus de la flamme d’un bruleur au gaz, jusqu’à ce qu’elle devienne malléable. Souvent, il travaille à mains nues. On ne fait pas de sculpture avec des gants… Quand la pate est ramollie,l’artisan la tord, l’étire, la presse, et tout à coup l’on voit apparaitre entre ses mains un phénix ou une pivoine, une citrouille ou un jaguar, un chou ou un vase.
Ces deux pièces sont-elles l’une en verre, l’autre en jade? Vos yeux d’experts donneront-ils la réponse?
Dans un hutong de Beijing, j’étais entrée, en 2010, dans l’atelier d’une créatrice qui ne produisait que des raisins de verre. Les ?uvres sont signées ? putao Chang ? (raisins Chang), de son nom de famille. S’agissait-il de liaoqi? Je ne saurais le dire, car je ne connaissais pas cet art alors, et n’ai pas posé de question sur la matière utilisée.
Si je vous dis que la pomme et les arachides de cette photo sont véritables, que direz-vous des raisins ? plus vrais que nature ?? Je vous laisse deviner.
Le verre ornemental se présente aussi sous la forme de perles qu’on peut coudre sur des vêtements ou agencer en un splendide tableau comme cette vue d’un parc de Beijing, qui pourrait être Beihai, librement imaginé par l’artiste.
Dans les rues de Beijing et dans les foires du Chunjie (le Nouvel An chinois), on voit encore des vendeurs defigurines en sucre. Ils fabriquent sur place leurs ?uvres et les vendent au fur et à mesure. Dans un baril chauffé se trouve une préparation de sucre. Qu’un enfant demande un écureuil, un singe ou un chaton, le créateur le confectionnera sur place en quelques minutes. Il prend une petite portion de sucre épais qu’il étire, et tord. Puis, il l’applique sur sa bouche et souffle afin d’y faire pénétrer de l’air. Ensuite, de ses mains il ajoute des oreilles, un nez, une queue, des pattes. Il doit travailler rapidement la pate de sucre avant qu’elle refroidisse. Ensuite, il peint les yeux et la bouche du petit animal qui fera la joie de son jeune client. L’année du Cochon, par exemple, le marchand prépare d’avance la forme de base, car il sait qu’il aura plusieurs commandes de cochonnets.
Ces figurines sont très fragiles, les membres collés peuvent se détacher si la température monte quelque peu. C’est pourquoi on n’en voit qu’en hiver. Pour ma part, je n’en ai jamais achetées, car je ne me vois pas passer à travers les foules du métro avec ces ? ?uvres d’art ? dans les mains, et encore moins dans mon sac.
On peut aussi ? dessiner ? des animaux avec des coulées de sucre, comme on le voit ici. Avant que le sucre ait durci, on y colle une baguette qui permettra de le tenir. Ces pièces sont comestibles, il s’agit de friandises.
Source:m.ywfarm.cn |