Auteur de l'article: Dong Qiang, professeur et directeur de thèses à l'Université de Pékin, président du jury de la première édition du Prix Fulei.
?Un tour de Nobel contre la Tour de Babel. Le Clézio, grand écrivain, ami de la Chine et des cultures diversifiées, et avant tout, messager de la paix.?
|
Sur l'invitation de L'ambassade de France en Chine et de moi-même, à double titre d'ami personnel et du président du jury du Prix Fulei de la Traduction et de la Publication, J.M.-G. Leclézio, Prix Nobel de Littérature de l'année 2008, a effectué un voyage en Chine du 5 au 10, décembre. A cause du temps, son séjour s'est limité à Pékin.
Le Clézio au travail
C'est la première fois que M. Le Clézio visite la Chine après son obtention du prix, pourtant, il n'est pas étranger à ce pays où il a mis pieds dès 1967. D'autres voyages l'ont amené dans l'ex-empire du milieu, sous l'invitation d'un ambassadeur fran?ais admirateur de ses ?uvres, ou bien pour recevoir des prix décernés par les Chinois. Car, comme par hasard, sa maison d'éditions chinoise, la maison de la Littérature du Peuple lui a décerné le ?prix du meilleur roman étranger? pour son roman Ourania sorti en 2006. Début 2008 donc, il est passé à Pékin, via Séoul, pour recevoir le Prix.
Lors des conversations personnelles, - car je l'ai re?u l'année dernière à Pékin, comme d'habitude, à titre d'ami, - il a évoqué un voyage imminent à Stockholm pour recevoir un prix, je lui disais alors en plaisantant, mais vous devriez y aller pour le Nobel. Il a souri, mais non, c'est un prix établi par un autre Suédois, et en plus, ce serait pour le mois de mai et non octobre, mois où sont annoncés tous les Nobel. J'ai insisté, mais rien ne vous empêchera d'aller 2 fois à Stockholm... Suite à quoi cet homme de grande modestie n'a pas fait de commentaire.
J'avoue que j'ai une grande admiration pour cet ami intègre, peu mondain, et qui a insufflé un nouvel air dans la littérature fran?aise moderne dès sa jeunesse. Il a remporté le Prix Renaudot, prix littéraire très important en France, à l'age de 23 ans, avec le Procès-verbal, chef-d'?uvre de littérature francophone moderne. Depuis, il maintient un niveau très élévé et s'est imposé comme l'un des plus grands écrivains de sa génération, avec notamment Modiano et Pérec, tous trois mondialement connus.
De nature nomade, il vit la plupart du temps à l'étranger, aux Etats-Unis, au Mexique, ou à l'Ile Maurice, pays où il sent sa racine. Il a toujours fui la mondanité parisienne et a su toujours garder un ?il vif et inquiet sur le monde, en se préoccupant du destin des ethnies minoritaires du monde entier. Il réalise le rêve d'être vraiment le citoyen du monde, et sa vision est toujours d'une grande étendue, tout comme son style, d'un souffle puissant et humain.
Le 5 octobre 2009, donc, il appara?t à l'aéroport de Pékin. Terminal 3, le tout récent, celui de Norman Forster, qui est entièrement nouveau pour lui, malgré le fait qu'il est venu juste l'année dernière, au début de l'année. Les J.O. ont effectué une vraie alchimie et ont transformé totalement cette ville que je croyais pourtant conna?tre un peu, il ne cessera pas de répéter cette idée lors de son séjour.
|